Le rocher d’Or au Sud-Est du Myanmar est l’un des sites sacrés qui remporte le plus la faveur des Birmans. Un pèlerinage de 11km de montée à travers la forêt permet d’y accéder. Face à la chaleur accablante et étouffante qui atteint ici pour nous son paroxysme, nous renonçons à couvrir cette distance à pied et prenons les taxis collectifs, mi pick-up mi camion, comme 95% des Birmans. Et heureusement car le trajet est de loin la partie la plus intéressante – et la plus folklorique – du Rocher d’Or. Dès 7h, les gens font la queue dans le terminal des camions, un hangar plutôt bien organisé, avec des plateformes pour accéder à l’arrière des camions. C’est donc entassés et serrés comme des sardines que nous commençons notre ascension, à toute vitesse d’abord, sous les cris et les rires des Birmans, notamment dans les virages, nous donnant l’impression d’être dans des montagnes russes (la sécurité en moins). Finalement, nous nous faisons doubler par tous les autres camions, notre moteur peinant dans des côtes toujours plus abruptes et en vingt minutes (contre 4 à 5h à pied), nous atteignons les abords du site. Là, des porteurs s’empressent de proposer leurs services aux visiteurs et sur le chemin menant au Rocher, nous les voyons transporter de lourdes charges sur leur tête ; certains déplacent même à quatre des gens dans des chaises spéciales.
L’endroit grouille de monde. Les Birmans viennent ici pour passer la journée en famille et s’installent au sol avec des nattes et des couvertures pour un pique-nique local. Il est aussi possible de passer la nuit sur place dans un des nombreux hôtels qui s’y trouvent. Enfin nous arrivons au fameux rocher recouvert d’or et qui tiendrait en équilibre au-dessus du vide grâce à un cheveu de Bouddha judicieusement placé à son sommet – nombreux sont les sites au Myanmar sensés abriter des reliques de Bouddha, souvent des dents ou des cheveux.
Beaucoup de pèlerins viennent se recueillir, prier et recouvrir le rocher de feuilles d’or. La section permettant de toucher le rocher est bien sûr interdite aux femmes. Étrangement, la plateforme offrant le meilleur point de vue est elle aussi fermée aux femmes, alors qu’elles peuvent se rendre au pied du rocher – mais tout de même à une distance respectable. Tout le monde n’est cependant pas un fervent prieur et nous reconnaissons un de nos voisins de pick-up en train de prendre des poses d’un air faussement pieux, une main sur le rocher, pour le temps de la photo…
