Au milieu des montagnes et des rizières en terrasse, vivant dans de curieuses maisons aux toitures évoquant des coques de bateau – la légende raconte que les premiers habitants venus de la mer se seraient servis de leurs embarcations pour bâtir leurs maisons ; d’autres prétendent qu’elles représentent des cornes de buffle -, le peuple Toraja perpétue d’étranges rites funéraires. Bien que majoritairement Chrétiens dans ce territoire – alors que l’Indonésie est le pays comptant le plus de Musulmans au monde -, ils ont conservé des traditions ancestrales.
A la mort d’un habitant, sa famille prépare une cérémonie funéraire élaborée, consistant en plusieurs festivités : combats de coqs, sacrifices et combats de buffles, processions, sacrifices de cochons que l’on grille ensuite au chalumeau et déguste aussitôt, offrandes, etc. Selon la place sociale de la personne décédée correspond un nombre de buffles à sacrifier : 1 pour quelqu’un en bas de l’échelle sociale, 3 à 5 pour une personne de classe moyenne et une dizaine pour une personne de haut rang. Les cornes des buffles viennent ensuite orner l’entrée des maisons et on peut voir sur les plus riches de hautes colonnes de cornes fixées sur un poteau.
Il en va de même pour la durée des festivités qui peuvent s’étendre de un à sept jours. Pour cette occasion se rassemblent des dizaines voire des centaines d’invités : famille, voisins, amis, connaissances. Chacun apporte des offrandes et, au cours de la cérémonie à laquelle nous assistons, nous voyons passer beaucoup de cochons à dos de scooter qui sont ensuite offerts à la famille du défunt.
Réunir la somme et les moyens nécessaires pouvant prendre un certain temps, les familles conservent parfois les morts embaumés chez elles jusqu’à ce qu’elles puissent procéder à la cérémonie. Dans ce laps de temps, le défunt est considéré comme un être vivant malade et on lui apporte régulièrement des vivres et des cigarettes.
A la fin des festivités, une procession mène le défunt à sa tombe, souvent taillée dans des falaises rocheuses ou de gros blocs rocheux.
A cela s’ajoutent les effigies. Appelées tau-tau, ce sont des statuettes de bois placées sur des balcons au-dessus des tombeaux. Elles sont sculptées à l’image du défunt et célèbrent son souvenir. Seules les personnalités les plus hautes dans la hiérarchie sociale peuvent avoir leur effigie. Elles impliquent encore plus de sacrifices de buffles.