Rencontre avec les gitans des mers à Malenge

Nous quittons l’île de Kadidiri pour nous rendre sur celle de Malenge, 30km à vol d’oiseau mais presque cinq heures en bateau, dont trois dans un ferry nous donnant l’impression d’être dans la cale aux prisonniers d’un vieux navire.

L’archipel des Togian est situé dans le golfe protégé de Tomini et la mer si calme bordée de volcans nous donne l’impression d’être sur un lac. Des mangroves bordent certaines parties de la côte où loge une faune aquatique parfois étrange.

En face de Malenge se trouve le village Bajo de Pulau Papan, dont les maisons en bois sur pilotis paraissent tout juste accrochées à un gros rocher. Les Bajos sont un peuple de pêcheurs semi nomades – le terme Bajo signifie « gitan des mers ». Un immense pont en bois relie leur village à celui de Malenge, où se trouve notamment l’école. Malheureusement, le pont est aujourd’hui en très mauvais état et certaines parties se sont effondrées sur plusieurs mètres. Il n’est donc plus possible de l’emprunter d’une île à l’autre mais nous décidons tout de même de nous y rendre en pirogue avec Marc et Laurenne pour ensuite gagner le village Bajo.

Là, Guillaume commence à escalader un rocher jouxtant le pont pour avoir une meilleure vue sur le village. Mais une de ses prises lâche et il bascule en arrière, se cognant la tête et s’éraflant le dos, les bras et les jambes sur la pierre volcanique. Il saigne beaucoup et nous devons rentrer au bungalow en urgence, sous le regard inquiet des enfants bajos, pêchant dans leur pirogue, qui fixent le filet de sang coulant sur son front. Heureusement Marc et Laurenne sont là et ce sont eux qui pagaient jusqu’à l’hôtel. Nous nous rendons vite compte que la plaie à la tête aura besoin de sutures et demandons au gérant, prénommé Rudy, s’il peut nous conduire en bateau à un médecin. Mais il est trop tard, la nuit tombe et le premier « vrai » médecin est à plusieurs heures… Rudy nous informe alors qu’il a suivi une formation d’assistant médecin et qu’il est capable recoudre la plaie. N’ayant pas vraiment d’autre option, Guillaume demande à voir le matériel qui sera utilisé. A notre surprise, l’hôtel dispose de vrais kits de suture à usage unique et d’anesthésiant. Guillaume accepte alors et se voit opéré dans le réfectoire en plein air, sur une table située juste à côté de celle où nous prenons habituellement nos repas.

Par précaution, nous décidons d’écourter notre séjour à Malenge pour aller consulter dans une clinique située dans la deuxième grande ville de Sulawesi, Manado, d’où nous sommes censés prendre un avion pour Bali par la suite. Nous décidons d’attendre le prochain ferry – qui ne passe pas tous les jours – et profitons tout de même du temps qu’il nous reste sur l’île paradisiaque de Malenge… même si pour Guillaume les bains de mers sont terminés à cause de ses nombreuses blessures.

Nous retournons le lendemain sur le pont et arrivons enfin à gagner le village Bajo. Les enfants ont reconnu Guillaume et il doit montrer un à un tous ses pansements à chaque nouvelle personne que nous croisons. Les enfants nous guident à travers leur village sur pilotis, sautant allègrement d’une planche à l’autre pendant que nous pensons régulièrement que les passerelles vont s’effondrer sous chacun de nos pas. Ils nous mènent jusqu’à un joli point de vue – où Guillaume se voit régulièrement rappeler qu’il doit faire très attention de ne pas tomber – et nous nous retrouvons à faire des dizaines de photos du groupe de filles qui prennent toutes la même pose. La séance se termine par un échange de bracelet et collier.

Comme dans beaucoup de pays d’Asie, la vie quotidienne a l’air de se passer au sol, les maisons ne semblent posséder que peu de meubles, les gens mangeant et dormant par terre.

C’est escortés par une horde d’enfants que nous terminons notre visite et faisons nos adieux à Malenge.

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