Des bananes à perte de vue. Des ananas par pelletées. Des piments sous toutes les formes possibles – entiers, en poudre, en pâte. Des poules et des fleurs. Le marché de Saint Pierre déploie ses stands le long de quatre allées interminables. La chaleur est étouffante sous les parasols et le soleil frappe dès que nous nous en échappons pour attraper un peu d’air frais. Chapeau et crème solaire indispensables.
Nos yeux font le plein de couleurs et d’odeurs et nos sacs de fruits et de légumes exotiques. Chouchous, cœurs de bœuf – pas la tomate mais le fruit – mangues, papayes et fruits de la passion côtoient les aubergines et les tomates pays. J’ai envie de tout goûter, de tout toucher, de tout enregistrer.
Beaucoup d’épices – la réunion compte une importante communauté indienne – et beaucoup de rhum arrangé – chaque famille a sa recette et sa réserve – trônent sur les stands. Les touristes sont nombreux et la moitié du marché recèle de souvenirs : chapeaux en vacoa, paniers multicolores, indétrônables magnets et décapsuleurs.
Un marché métissé qui rappelle la population de l’île. Les Z’arabes ont émigré à la fin du XIXe siècle du Nord Ouest de l’Inde. Les Chinois viennent de Canton. Les Zoreilles se sont expatriés de métropole pour goûter à la vie des tropiques. Les Malbars sont les Indiens hindouistes venus remplacer la main d’oeuvre après l’abolition de l’esclavage. Les Cafres descendent des esclaves venus d’Afrique. Les Créoles regroupent tous ceux qui n’appartiennent pas aux précédentes catégories. Ils forment la nation arc-en-ciel de la Réunion.
Aucun de ces termes n’est péjoratif même si cela peut sembler étrange à nos oreilles. Malgré les différences de cultures, de religions, d’origines, ces populations vivent en harmonie et font de l’île un endroit à nulle autre pareil.
Au milieu de cette profusion de denrées, des stands proposent de se restaurer avec des samoussas et des parts de gâteaux ou bien de déguster un smoothie ou un jus de canne fraîchement pressé. C’est assez dur de résister mais nous avons rendez-vous à la Terrasse pour déjeuner au bord de l’océan.
Une plage de carte postale
Située dans le quartier de Terre-Sainte, le restaurant offre une vue imprenable sur le port de Saint Pierre et les banians bordant la plage. De l’ancien village de pêcheurs, il ne reste aujourd’hui que quelques cases colorées et décorées de fresques évoquant le surf, la mer et les palmiers. Une promenade déserte longe la plage et la marina. Seuls quelques pêcheurs et badauds contemplent l’océan, perdus dans leurs pensées.
Cocotiers, sable fin et eau d’un bleu profond, Grande Anse s’affiche telle une vraie plage de carte postale. Comme dans tous les sites remarquables de l’île, un grand parking et des aires de pique-nique sont aménagés et occupés. Des blocs de basaltes noirs délimitent une zone de baignade sécurisée.
Après nos trois jours de marche dans le cirque de Mafate, nous avons décidé de nous octroyer une après-midi à dorer au soleil et à nager au milieu des poissons et des coraux.
Allongée sur ma serviette, je me tords le cou à contempler la cime des palmiers interminables. Le sable tendre glisse dans mes mains. Je suis à deux doigts de dire à Guillaume que je ne veux plus jamais quitter ce petit coin de paradis.
Le soleil a sombré dans l’océan. Les Réunionnais, eux, sont restés sous leur toile bleue. Les feux s’allument et les barbecues se préparent. Déjà les basses résonnent depuis les enceintes installées autour des tables. La journée est peut-être terminée mais la nuit ne fait que commencer. ♦︎