Entre Koumi et la Guinguette, la forêt primaire de Kou

C’est devenu un rituel : la piste poussiéreuse, les trous, les villages, les maquis. La route pour le village de Koumi, à une dizaine de kilomètres au sud de Bobo Dioulasso, ne déroge pas à la règle.

Koumi est un village Bobo traditionnel, à la fois animiste et catholique. Les secteurs dévolus aux forgerons, paysans et griots, le découpent en quartiers. Erigé entre deux falaises, il se dresse, nonchalant, rétif aux invasions.

Un vent chaud souffle entre les hautes cases de terre au crépi boursouflé dont certaines comportent un étage. Nous transpirons sous le soleil brûlant et tentons de nous réfugier sous la moindre parcelle d’ombre.

Des papayers à la tige droite semblent surgir des maisons elles-mêmes et rythment le paysage du village. Dans la fraicheur et l’humidité de trous creusés au sol, les femmes peuvent tresser des tiges restées souples et confectionner des corbeilles et des paniers.

Comme souvent au Burkina Faso, la vie se concentre autour de grands et beaux arbres. Là se forment des places. A l’ombre des branches tourmentées, les villageois dorment, parlent, tissent, sculptent ou boivent de la bière de mil.

ficus dans le village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Papayer et case recouverte de crépi du village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Fillette et habitant de Koumi regardant l'entrée d'une case, village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Forgerons dans le village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Papayers et cases recouvertes de crépi, village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Fétiche dans le village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso
Habitant de Koumi désignant une case de banco au pied d'un ficus, village traditionnel Bobo de Koumi, Burkina Faso

Depuis Koumi, nous empruntons une piste difficile pour rejoindre la forêt de Kou. Ilôt vert dans le paysage asséché du sud-ouest burkinabé, Kou est une forêt-galerie abritant 5 sources. Reliquat de la forêt primaire, il permet de découvrir à quoi ressemblait la région autrefois, avant la déforestation.

De grands arbres remplacent les buissons rabougris de la savane. Ils sont si hauts qu’ils se rejoignent presque pour former une galerie végétale au-dessus de nos têtes, plongeant les allées paisibles dans une douce pénombre.

La végétation est dense, nous entourant de vert. Seul le bruit des feuilles au sol bruissant sous nos pas trouble le silence de la forêt. Nous enjambons les rivières de Kou et de la Guinguette, réduite alors à un mince filet d’eau, sur des ponts suspendus instables. Nous pique-niquons sur une berge sablonneuse. L’eau claire invite à la baignade mais elle n’est permise qu’en dehors du site protégé de Kou, pour éviter la pollution de l’eau alimentant Bobo Dioulasso.

Grands arbres de la forêt-galerie de Kou, Burkina Faso
Les deux explorateurs de la forêt primaire de Kou, Burkina Faso
Végétation luxuriante dans la forêt de Kou, Burkina Faso
Pont suspendu dans la forêt de Kou, Burkina Faso
Pont suspendu dans la forêt primaire de Kou, Burkina Faso

Nous nous attablons à l’ombre de grands bambous plantés en haut de la berge de la rivière Kou.
Nous avons rejoint La Guinguette, site où la baignade est autorisée. Il s’agit d’un bar restaurant qui doit son nom aux cabarets des bords de Marne.

Les Burkinabé profitent de l’ombre et de la relative fraîcheur apportée par la rivière pour se désaltérer ou se restaurer, contemplant les eaux marron. Les rares personnes se baignant conservent leurs vêtements, par pudeur, culture ou religion ? J’hésite à entrer dans la rivière en maillot. J’ai déjà été confrontée à cette situation en Asie et en Amérique Centrale. Mais comment libérer le corps des femmes si celui-ci doit rester caché ? Si personne n’ose jamais ?

L’eau est peu profonde en cette saison et nous nous allongeons sur le fond sableux pour nous rafraîchir. Pour sortir du lit de la rivière, la pente escarpée est difficile à gravir et nous glissons plusieurs fois.

La journée s’achève ainsi que notre voyage. Nous sommes ravis d’avoir partagé une journée de détente typique des citadins de Bobo Dioulasso.

Après avoir fait le plein de wax, de cacahuètes grillées, de graines de tamarin et de fleurs d’hibiscus séchées, nous reprenons le chemin de la France, heureux d’avoir fait nos premiers pas en Afrique de l’Ouest avec Noreen est sa famille. ♦

Baignade dans la rivière Kou sur le site de la Guinguette, Burkina Faso
Dans les ruelles de Koumi, Burkina Faso

Un commentaire sur « Entre Koumi et la Guinguette, la forêt primaire de Kou »

  1. Il existe une vie différente de la nôtre. Nous sommes à chaque fois touchés par les couleurs ocres de l’Afrique qui semble écrasée par la chaleur. Cependant le contraste est saisissant avec ces forêts qui délivrent leur fraîcheur bienvenue.
    Belle Afrique et toujours si jolies photos. On aime beaucoup.

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