10 heures du matin. L’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion. Dormir une nuit et se réveiller de l’autre côté de l’équateur. Il y a là quelque chose de magique et de fou à la fois.
Nous posons un pied dehors et nous sommes happés par l’humidité ambiante, bien que ce soit la saison sèche. Ce concept existe-t-il vraiment sur cette île de l’océan Indien ? Nous laissons derrière nous le microcosme aseptisé, climatisé et clos de l’avion, pour sentir enfin le vent, le soleil et la lumière débordante.
Depuis le bus jaune qui nous conduit de Saint-Denis à Saint-Pierre, la « capitale du Sud », nous observons le ciel bleu limpide et les couleurs éclatantes de la végétation et des habitations. Alors qu’en métropole c’est le dernier jour de l’été, ici commence le printemps.
Il faut éviter la sieste, vivre la journée normalement malgré le manque de sommeil. S’immerger tout de suite dans la végétation tropicale et luxuriante – et entrer dans le vif du sujet – par une petite marche sur le sentier Dassy.
Reliant autrefois la ville du Tampon à celle de l’Entre-Deux, c’est maintenant le terrain de jeu des sportifs qui dévalent les pentes des falaises bordant la rivière du Bras de la Plaine. Profitent-ils encore du paysage des gorges, des bambous et des chocas, de la bonne odeur de la forêt, du bruit de la rivière en contre-bas ou du soleil jouant à cache-cache dans l’ombre des falaises ?
Nous testons notre endurance pour les randonnées à venir. Voir si ma hanche malade pourra venir à bout des volcans et des pitons, toutes ces promesses que l’on s’est faites, un dimanche de juillet, assis par terre avec la carte de la Réunion étalée à nos pieds. Ces randonnées dont nous a privés la saison des pluies lors de notre précédent voyage où l’on s’était fait le serment, comme pour chaque pays visité, « qu’alors on reviendrait ».
En bas c’est le début des orgues de Basalte. Le paysage se soulève pour dévoiler des roches noires striées et on devine les prémisses de ces formations rocheuses extraordinaires.
Le jour décline déjà. Il est temps d’aller manger notre première barquette, comme on désigne ici les plats à emporter vendus par les petits snacks des bords de route.
La grasse matinée jusqu’à 11 heures ampute notre deuxième journée sur l’île Bourbon.
Nous visitons un jardin créole et un ancien village au Vieux Domaine, une des plus ancienne concession de culture de café. Notre guide nous raconte l’histoire de la Réunion à travers ses plantes médicinales et ses arbres fruitiers. Quelques cases reconstituent le village des Engagés malgaches existant au XIXe siècle et présentent les différents métiers de cette époque. Un homme montre comment les baies de café étaient récoltées, décortiquées, triées et moulues.
L’ambiance est familiale et détendue. Les enfants courent autour des zébus et des bœufs qui promènent sur leurs chars les visiteurs. Nous goutons notre premier jus de canne du séjour, douceur tiède et sucrée.
Après une première approche des chemins de randonnée et de la végétation de l’île, c’est une douce immersion dans la culture créole, parfaite introduction à notre voyage.♦︎