Aller à un festival est une bonne manière d’appréhender une ville étrangère. On peut partager un moment de vie de la ville avec ses habitants. C’est l’occasion de s’immerger, de se mélanger à la foule des Portugais – et aussi des Anglais, venus en force – et d’avoir l’impression de faire partie de d’un lieu.
Alors pendant trois jours, en fin de journée, nous prenons avec enthousiasme la direction de la gare de Cais do Sodre. Le festival de musique Nos Alive est situé un peu en dehors de Lisbonne, sur les bords du Tage. Le soleil est encore haut dans le ciel lorsque nous faisons la queue pour récupérer nos pass.
L’ambiance est détendue. Les trois scènes sont agréables, disposées ni trop près ni trop loin les unes des autres. De grands espaces sont dédiés à la vie du festival en dehors des concerts et nous nous laissons porter d’un stand à l’autre, observant la nourriture variée, les animations et les grandes tables de bois où l’on vient se restaurer. Une allée garnie de baby-foot rappelle la coupe d’Europe qui se joue au même moment en France. Une rue lisboète de carton pâte aux façades colorées abrite les boutiques de merchandising inhérentes à ce genre d’évènement.
Je lève les yeux. Le soleil se couche, le ciel s’embrase et s’assombrit dans un bleu profond au-dessus des festivaliers. Nous repérons les horaires des groupes que nous ne voulons pas manquer et esquissons un programme pour la soirée, auquel nous nous tiendrons plus ou moins. Nous nous fondons dans la marée humaine des festivaliers pour nous rapprocher d’une scène et ne pas manquer le début d’un concert.
Assis sur des faux tapis d’herbe, nous sommes bercés par la musique et le ciel magnifique. J’aime la parenthèse enchantée qu’autorise un festival, la sensation d’être dans une bulle hors du temps, du quotidien et quelque part hors de la civilisation.
Il est 3 heures, les DJ sets ont remplacé les groupes de rock et une longue marche nous attend pour rejoindre notre hôtel. Si à l’aller l’accès au festival est facile, au retour les autorités ont prévu un long cheminement pour décanter la foule,et nous formons une longue procession de festivaliers marchant, un peu hagards, les pieds fatigués.
Les taxis, en nombre insuffisant, sont pris d’assaut, et après avoir patienter 1 heure le premier soir pour en gagner un, nous optons pour le train les jours suivants. Il faut 45 minutes pour sortir du festival et accéder à la gare du train de banlieue qui passe toutes les 30 minutes. Depuis la bretelle aérienne d’autoroute fermée à la circulation que nous sommes forcés d’emprunter, nous voyons le quai se remplir d’une masse continue de festivaliers. Nous enjambons les corps allongés, bronzés et fatigués pour trouver une place où patienter.
Nous rentrons chaque jour au petit matin, entre 5 et 6 heures. Vers 8 heures nous pouvons entendre de notre chambre les autres pensionnaires se lever et s’affairer. Nous couvrons nos têtes d’un oreiller pour assourdir les bruits et prolonger la nuit. Nous sautons le petit-déjeuner insipide de l’hôtel pour prendre des brunchs délicieux et copieux sur les terrasses ombragées et cachées dans les rues de Lisbonne. Alors nous sommes d’attaque pour une nouvelle exploration de la ville.
Et reprendre la direction du festival en fin de journée…♦