3 jours à Banfora

La route au Burkina Faso est toujours un ballet fascinant de taxi-brousse surchargés, fêtes de village impromptues, marcheurs résolus, nature hostile et envoutante. A mesure que nous roulons vers la province de la Comoé, au sud-ouest du pays, l’environnement devient plus vert et quelques palmiers rôniers transforment le paysage autour de Banfora en oasis.

La route longe le haut des falaises surplombant la vallée et s’ouvre sur un paysage de plantations de cannes à sucre et de champs de riz et de maïs. Bien irriguée par le fleuve Comoé, la région jouit d’un climat propice à l’agriculture et à la culture maraîchère. La ville de Banfora est idéalement placée sur un axe routier et ferroviaire entre la Côte d’Ivoire, située à 70 km, et Bobo Dioulasso.

C’est aussi une région qui abrite certains des sites naturels majeurs du Burkina Faso : les cascades de Karfiguéla, les dômes de Fabédougou et le lac de Tengrela. Autre site remarquable, les pics de Sindou, étranges formations géologiques sculptées par la nature, se trouvant à une trentaine de kilomètres du Mali. Classés en zone rouge, à cause de la menace d’attentat et d’enlèvement qui règne tout le long de la frontière malienne, nous renonçons à leur visite.

Porteuses de mangues dans la région de Banfora, Burkina Faso
Taxi-brousse sur la route de Banfora, Burkina Faso
Procession de femmes se rendant à la fête du village vers Banfora, Burkina Faso
Les chutes de Karfiguéla

Peu avant Banfora, nous quittons la route goudronnée pour une piste au paysage aride, où le baobab fait figure de roi de la savane. Nous laissons la voiture à plusieurs centaines de mètres des cascades sur un parking où pique-niquent quelques familles installées sur de larges nattes. Des restes de poulets pendus à la falaise et des lambeaux de peaux de chèvre sur le sol indiquent que c’est aussi un lieu de sacrifices.

Nous avançons sur des rochers plats polis par le temps pour pénétrer dans une forêt dense et luxuriante de fromagers, manguiers, caïlcédrats, karités et papayers, bordant la rivière Koba. Le chemin débouche sur les chutes, pas aussi impressionnantes que le terme pourrait le laisser penser. Des bassins à l’eau claire se succèdent en cascade, entourés par une végétation d’un vert profond, et le lieu dégage un charme certain et convivial. Nous traversons la rivière sur des pierres glissantes pour nous asseoir à l’ombre d’un arbre.

Les cascades connaissent un grand succès. Des groupes de trente personnes, parfois composés exclusivement de filles ou au contraire de garçons, vont se suivre tout au long de l’après-midi. La plupart se baignent avec leurs vêtements. Des vendeuses de mangues croisées plus tôt en chemin, s’installent près des piscines naturelles pour vendre leurs fruits. Elles observent de loin le spectacle des gens qui s’éclaboussent, se prennent en photo, sautent et plongent dans l’eau revigorante. Elles n’appartiennent pas à la même classe sociale. Un fossé invisible les sépare.

Palmier et baobab dans la région de Banfora, Burkina Faso
Vendeuses de mangues et Burkinabé profitant des cascades de Banfora, Burkina Faso
Les dômes de Fabédougou

A 3 km, les dômes de Fabédougou, pics de grès noir de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, formés de strates, se dressent devant nous, dans un paysage mystique de formes sculptées aux sommets arrondis. L’érosion et la mer qui recouvrait le site il y a plusieurs millions d’années ont façonné ce décor.

Nous grimpons au sommet d’un dôme pour apprécier la vue sur la vaste forêt claire africaine. Le site est désert, silencieux. La journée s’achève et les bergers poussent leurs troupeaux de zébus vers les villages.

Au coeur des dômes de grès noir de Fabédougou, région de Banfora, Burkina Faso
Sur les dômes de Fabédougou, région de Banfora, Burkina Faso
Les dômes de Fabédougou dans la forêt, région de Banfora, Burkina Faso
Perchés sur les dômes de Fabédougou, région de Banfora, Burkina Faso
Les strates des dômes de Fabédougou, région de Banfora, Burkina Faso
Stop sur le Landcruiser, région de Banfora, Burkina Faso
Banfora

Pierrealy, Max et Charlie nous rejoignent dans la soirée à Banfora. Après une nuit dans un hôtel vide, agréable mais sans charme, nous passons le reste de notre séjour à l’hôtel Canne à Sucre. Nous partageons un bungalow au coeur d’un jardin fleuri abondamment arrosé aux heures fraîches du petit matin. Des palmiers, des bananiers, des bougainvilliers et des fleurs à la couleur éclatante s’étalent autour de la piscine. L’endroit est un havre de paix, une oasis verte dans un désert rouge.

Nous prenons nos repas au restaurant de l’hôtel sur la terrasse couverte. Des plantes en pots accrochées à des parois verticales séparent les différentes tables et isolent discrètement les clients. Autour se déploie un jardin tropical poussant sur une terre rouge tassée et sèche. A l’intérieur de la paillote se trouvent la réception et un élégant bar de bois sombre où l’on peut acheter des rhums arrangés aux fruits locaux – tamarin, bissap, mangue. Nous déjeunons de brochettes de zébu, de poulet citron gingembre et d’attiéké – un couscous de manioc -, arrosés de vin de palme et de Brakina, la bière burkinabé.

Bougainvilliers et végétation luxuriante de l'Hôtel Canne à Sucre, Banfora, Burkina Faso
Farniente dans la piscine de l'Hôtel Canne à Sucre, Banfora, Burkina Faso
Fleurs roses de bougainvilliers, Hôtel Canne à Sucre, Banfora, Burkina Faso
Hamac, piscine et végétation luxuriante de l'hôtel Canne à Sucre, Banfora, Burkina Faso
Le lac de Tengrela

Le lac de Tengrela, à quelques kilomètres de Banfora sur la route de Sindou, accueille des hippopotames tout comme le lac de Bala vers Bobo Dioulasso.

On ne peut malheureusement plus naviguer sur le lac à cause d’accidents mortels survenus les mois précédents. Moins de visiteurs se rendent donc à Tengrela. La baisse de fréquentation nuit à l’économie des villages alentours, alors que le Burkina Faso subit déjà une diminution du tourisme depuis les attentats de Ouagadougou.

La buvette installée sous les arbres n’est occupée que par un groupe d’Américains travaillant au Mali, venus passer leur weekend à Banfora, et nous six. Des marécages nous empêchent d’atteindre les bords du lac et nous ne parvenons pas à apercevoir d’hippopotames.

Le soleil se couche et nimbe d’une lumière dorée l’eau, le ciel, les pêcheurs, les zébus, les nuées d’oiseaux volant à la cime des grands arbres et le spectacle de la vie rurale burkinabé sur la rive du lac de Tengrela. ♦

Troupeau de zébus dans la lumière de fin de journée sur les bords du lac de Tengrela, région de Banfora, Brukina Faso
Village de cases de Tengrela, région de Banfora, Burkina Faso
Face à face enfants blanc et Burkinabé sur les bords du lac de Tengrela, région de Banfora, Burkina Faso
Pêcheur en pirogue sur le lac de Tengrela, région de Banfora, Burkina Faso
Nuée d'oiseaux dans le ciel de Tengrela, région de Banfora, Burkina Faso
Pêcheur en pirogue sur le lac de Tengrela après le coucher du soleil, région de Banfora, Burkina Faso
Famille Burkinabé sous un manguier sur les rives du lac de Tengrela, région de Banfora, Burkina Faso

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