Sitôt la seconde visite de la réserve achevée, nous regroupons nos sacs dans la voiture et quittons Nazinga. Nous voulons atteindre avant la nuit Bobo Dioulasso, la ville où résident Noreen et sa famille. 400 km séparent Nazinga de Bobo mais la distance importe peu : c’est l’état des routes qui dicte le temps nécessaire pour rejoindre une étape. La piste au sortir de la réserve est mauvaise ; la voiture doit esquiver les nombreux trous cachés.
Mais la route est aussi en elle-même un spectacle. Nous croisons des taxi-brousse plein à craquer, des camions penchant dangereusement à cause de leur cargaison, des Burkinabés à scooter, à moto, à vélo, à pied. Seul ou en petit groupe. Des femmes portant de prodigieux fardeaux sur leurs têtes. Des ânes tirant des carrioles, menées par des enfants ou des femmes, fouettant de temps en temps les animaux pour les faire avancer. Des chèvres, des poules, des cochons, des zébus traversent régulièrement devant la voiture. A chaque carrefour, péage ou village, des vendeurs prennent d’assaut les taxi-brousse et tous ceux qui s’arrêtent.
Nous roulons longtemps sur la piste rouge, envoyant des nuages de poussière brune à chaque personne que nous dépassons. Pourtant, on continue de nous faire signe de la main en guise de bonjour, sans rancune.
Les cases des villages se détachent à peine du sol dont elles sont faites. Beaucoup de maquis et de petits magasins bordent les côtés de la route dans les centres des gros villages. La route les traverse toute droite, pareille à une rivière rouge se déversant dans le paysage. ♦︎