Sur une des collines de Gaoua, un site d’orpaillage dévoile un paysage miné de trous. Au prix d’un travail forcené, quelques femmes s’entraident pour extraire de l’or de puits profonds de 10 à 50 mètres, se poursuivant par des galeries souterraines.
Une femme âgée, portant un bébé sur le dos, descend et remonte d’un puits un seau rempli d’eau terreuse, qu’une autre utilise pour laver la terre plusieurs fois, jusqu’à faire apparaître une fine trace de poussière d’or. La règle prévoit que celle qui trouve l’or le conserve. Peu de pépites sont découvertes. La poussière d’or sera vendue au marché de Doudou, qui se produit tous les 5 jours. Les femmes Lobi n’ont pas le droit de porter d’or et revendent tout ce qu’elles récoltent.
Le marché a lieu ce jour-même et peu de femmes s’affairent sur le site. Seules celles qui n’ont pas trouvé assez d’or sont venues tôt pour tenter d’obtenir quelque chose à vendre du sol du pays Lobi. Sur le marché, un gramme d’or pourra se vendre jusqu’à 25 000 francs CFA, soit 38€.
Nous passons devant un village d’orpailleurs occupé essentiellement par des hommes. Comme dans la région de Tiébélé, il ressemble à un campement de fortune. Une abondance de déchets jonche le sol aux abords. Pauvreté et misère sautent aux yeux à la vue des habitations. Des bâches noires recouvrent des cabanes dont les murs semblent être en paille. La plupart des habitants sont des Mossis, peuple du centre du Burkina Faso et ethnie majoritaire du pays. Une sensation de malaise s’échappe des rues tristes. Le commerce de l’or ne vient pas sans son lot de déchéances : alcool, drogue, violence. Les bagarres et les vols sont fréquents. Un mélange d’appât du gain et d’inévitable désillusion se reflète dans les yeux des chercheurs d’or.
Au marché de Doudou, les acheteurs s’installent sur des nattes posées au sol et attendent ceux qui toute la journée, le dos courbé, la nuque brûlée par le soleil, ont creusé, puisé et lavé la terre du pays Lobi. Une dizaine d’entre eux sont disséminés à l’ombre des grands arbres. L’or se vend dans des fioles de verre au fond desquelles miroitent quelques paillettes dénichées lors des 5 derniers jours. Il se marchande au prix du cours mondial. Les acheteurs possèdent leurs balances, plus ou moins fiables. Lorsqu’elles ne sont pas électroniques, certains remplacent les poids par des pierres de masses aléatoires et il devient alors impossible de peser avec justesse la marchandise. Un échange à un peu plus de 30 000 francs CFA – 45 € – a lieu devant nous. Les deux parties semblent satisfaites.
Le reste du marché a des airs de grande droguerie à ciel ouvert. Sur des stands en bois ou à même le sol, abrités par des toits en paille, des bâches en plastiques ou des parasols poussiéreux aux couleurs fanées, on vend des objets manufacturés, des vêtements, des marmites, des condiments, des oignons, des tomates, des mangues, des arachides. Des carcasses de cochons éventrés pendent à un arbre.
Les femmes ont les cheveux tressées ou bien très courts, des anneaux dorés aux oreilles et aux pieds, des tongs ou des sandales. Celles qui ont le crâne rasé portent le deuil. Un mouvement perpétuel de jupes en wax et de coiffes chatoyantes sur lesquelles sont posées des bassines remplies de denrées, anime le marché de Doudou. ♦